TORONTO, ON, le 23 février 2023 – Les efforts de Google pour empêcher certains Canadiens d’accéder aux nouvelles sur sa plateforme sous les auspices du « rééquilibrage de la dynamique du pouvoir sur le marché des nouvelles numériques » constituent un acte préjudiciable qui revient à prendre le public en otage dans sa efforts visant à saper la législation actuellement à l’étude au Sénat canadien.
Mercredi, Google a déclaré à La Presse canadienne qu’il limitait temporairement l’accès au contenu des nouvelles à moins de quatre pour cent de ses utilisateurs canadiens alors qu’il évaluait les réponses potentielles au projet de loi C-18, la Loi sur les nouvelles en ligne. Si elle est adoptée, la législation obligerait les géants de la technologie, dont Google, à négocier avec les organes de presse et à fournir une compensation financière pour les articles de presse partagés sur leurs plateformes.
« Dans un monde numérique, les moteurs de recherche comme Google sont des services publics qui remplissent des fonctions démocratiques vitales », a déclaré Brent Jolly, président de l’ACJ. « Il s’agit d’un exemple clair comme de l’eau de roche d’un géant privé de la technologie qui exerce son influence comme tactique de pression pour promouvoir son propre intérêt. Malheureusement, en fin de compte, c’est le droit des Canadiens de savoir qu’ils sont pris entre deux feux. »
Pendant des années, Google a fait des déclarations publiques répétées sur sa préoccupation pour la santé, la vitalité et le bien-être de l’écosystème des nouvelles et de l’information au Canada. Bien que l’ACJ reconnaisse que Google a fait des investissements dans le passé pour soutenir la formation des journalistes et conclure des accords de contenu avec certains éditeurs canadiens, cette action crée un dangereux précédent où une société privée peut discriminer certains utilisateurs en leur rendant difficile l’accès aux nouvelles locales.
Ce n’est pas la première fois qu’une plateforme technologique répond de la même manière aux menaces de réglementation par un gouvernement fédéral. Google a pris une décision similaire pour bloquer le contenu d’actualités pour un pour cent des utilisateurs en Australie après que le pays a adopté une loi similaire à celle que le Canada envisage. Google a fermé Google News en Espagne pendant huit ans après que de nouvelles lois sur le droit d’auteur aient soulevé des problèmes de responsabilité concernant l’inclusion d’extraits. Il y a à peine deux mois, le géant de la technologie a arrêté son service Google News en Tchéquie pour protester contre les nouvelles lois sur le droit d’auteur.
Google n’est pas la seule entreprise technologique à avoir réagi avec force et à interférer avec le droit des utilisateurs de savoir lorsqu’ils sont confrontés à la réglementation gouvernementale. En octobre dernier, Meta, la société mère de Facebook, a menacé de bloquer l’accès des Canadiens aux sites d’information sur sa plateforme en opposition à la loi sur les nouvelles en ligne. Cela est intervenu après que Facebook a institué une interdiction de courte durée au début de 2021 des articles de presse sur sa plate-forme pour protester contre une législation similaire promulguée en Australie.
« L’information est censée être gratuite et accessible à tous », a déclaré Jolly. « Google a le devoir d’être une passerelle responsable vers un journalisme de qualité. Cela signifie donner un accès complet à des informations véridiques et factuelles. Google devrait adhérer à son propre code de conduite d’entreprise et « faire ce qu’il faut ».
L’Association canadienne des journalistes est une organisation professionnelle qui compte plus de 1 300 membres à travers le Canada. Les principaux rôles de l’ACJ sont le travail de défense de l’intérêt public et le perfectionnement professionnel de ses membres.
Renseignements: Brent Jolly, président de l’ACJ, 289-387-3179, brent@caj.ca